Tenu ça déborde - Aurelio Diaz Ronda

[un écho ici]




B. a dit : tu tiens le bon bout. Ça veut dire ce que ça veut dire. Le bout déborde. Ça veut dire. Un morceau sort de ta main. Ça veut dire que ça veut dire. Un objet qui dépasse. Ça dit ceci, ça dit cela. Un objet sur une partie duquel ta main se referme, pour le tenir, mais dont l’autre extrémité dépasse, obligeant ta main à rester entrouverte. Ça dit ce que ça dit. Ce serait mieux si ta main ne tenait rien. Ça dit que ça dit. Mais elle risquerait alors de se refermer sur elle-même en un poing serré. Ça dit ça. Tu tends l’objet par le bout qui déborde. Ça dit : je veux. Tu veux que moi, je libère ta main. Ça dit que ça. Tu attends pour lâcher l’objet que ma main prenne sa place dans ta main. Ça dit que ça veut encore. Sûr que si quelqu’un nous voyait, il me prendrait pour un objet dépassant de ta main. Que ça veut encore ça. Tu tiens l’objet qui dépasse pour empêcher que nous devenions l’un pour l’autre des objets tenus, manipulables dans nos mains. Dire ça. Tu laisses l’objet déborder pour te rappeler, pour nous rappeler que nous devons éviter de garder les poings fermés. Dire que ça veut ni dire ni taire. Mais un poing n’est-il pas toujours fermé ? Ça dit : ça veut. Et aussi éviter de nous maintenir comme la main qui tient un objet ou comme l’objet qui se tient ou tient dans la main. Ça veut ça, ça dit ça. Le bout déborde. C’est bien ça. C’est B. qui l’a dit. De l’avoir dit. Que tu tiens le bon bout. C’est bien. Et même qu’à présent ça tient tout seul.

[ça est un texte de O'Felix]